On parle du fameux syndrome de l’intestin irritable à Radio-Canada. Voir l’extrait ici : https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/moteur-de-recherche/segments/chronique/157458/intestin-douleur-inconfort-aliments-regime
Voici quelques notes rapides :
Le SII (syndrome de l’intestin irritable) n’est pas une maladie (mais cela peut dépendre de notre définition), mais plutôt une collection de symptômes intestinaux qui peuvent varier d’une personne à l’autre. Vous allez bien entendre chez le médecin qui va faire son investigation : Analyse sanguine, analyse d’urine, de selles, colonoscopie, etc. S’il n’y a rien de visible, il dira probablement que c’est le SII. Le SII est donc déclaré lorsque la médecine ne trouve rien, mais que la personne se plaint de troubles intestinaux.
Il y a plusieurs raisons possibles pour ses symptômes bien entendu. Des intolérances alimentaires (réaction immunitaire à certaines protéines), un état d’hyperperméabilité intestinale, la présence d’infections (parasites, bactéries, levures…), un déséquilibre des bactéries que l’on appelle dysbiose, un foie congestionné, un manque de productions enzymatiques ou d’acide chlorhydrique, etc.
On estime que 80 % des SII ont ce que la science nomme un PBIG : Prolifération des bactéries dans l’intestin grêle, mais c’est rarement un seul facteur unique selon ce que je remarque en clinique. PBIG est tout simplement un déplacement des bactéries du côlon vers le petit intestin ou ils ont accès à notre nourriture. C’est ce qui va causer les ballonnements, crampes, constipation ou diarrhée (ou les deux). Les bactéries sont alors en compétition avec nous pour l’absorption de la nourriture et c’est donc plus facile de se retrouver en carences nutritionnelles. Hyperperméabilité, inflammation peuvent s’en suivre.
Le segment de Radio-Canada mentionne que l’alimentation faible en FODMAP (fibres fermentables) est une solution qui fonctionne très bien. En fait, ça va bien fonctionner s’il y a présence de PBIG puisque ça retire en partie la nourriture de ses bactéries dans notre petit intestin. Ça ne tient pas compte des autres facteurs par contre.
L’alimentation faible en FODMAP aide avec les symptômes, mais ne va pas 100 % à la source du problème. C’est la raison que c’est difficile pour certaines personnes de réintégrer certains aliments dans le temps.
Les FODMAP sont bénéfiques pour nous puisqu’ils aident à diversifier notre microbiote. On en parle parfois dans le média comme si c’était un ennemi. Ils peuvent devenir un problème si la flore intestinale n’est pas bien équilibrée par contre.
C’est la raison que l’invité mentionne avec raison que l’on doit réintégrer tranquillement les FODMAP par la suite. Le problème est que ça ne fonctionne pas toujours. On doit voir plus loin.
Je remarque également que pour certaines personnes, le simple fait de retirer les FODMAP n’est vraiment pas suffisant. On peut supporter le travail du corps avec certaines herbes afin de facilité son retour à l’équilibre.
Il faut également se poser la question POURQUOI? Pourquoi, personne ne pause jamais la question POURQUOI? Un des facteurs classiques est un manque d’acidité au niveau de l’estomac. Le stress va diminuer notre capacité à en produire, mais également une bactérie comme H.Pylori peut avoir cet effet. Donc, s’il y a présence de H.Pylori et que la seule chose que l’on fait est de retirer les FODMAP, pensez-vous que ça va fonctionner? Les chances sont plus minces.
Si le foie est congestionné et que la production de bile n’est pas suffisante, il pourrait y avoir constipation et le ralentissement du transit est l’un des facteurs principaux à regarder en présence de PBIG. Un état d’hypothyroïdie (même sous clinique) peut également ralentir le transit, la production d’acidité et enzymatique et créer un surplus de bactéries dans le petit intestin.
Ce ne sont que quelques exemples pour démontrer qu’il faut parfois regarder le corps dans son ensemble afin de tenter de comprendre mieux le portrait global au lieu de seulement retirer les FODMAP pour traiter les « symptômes ».
Donc, est-ce que l’alimentation faible en FODMAP est bonne pour ceux avec le SII. La réponse est oui, mais les résultats vont varier selon les causes du SII. Il faut également se poser la question POURQUOI et être en mesure de comprendre l’interaction des autres éléments (foie, pancréas, estomac, thyroïde, vésicule biliaire) sur la façon dont se comporte notre système digestif.
Danik Legault, ND.A.